Les transports d’autrefois

Le train

Quand il fut officiellement décidé de construire une ligne de chemin de fer entre Paris et Brest, deux villes se disputèrent le passage de la voie : Alençon et Le Mans. Ces deux cités avaient déjà compris l’intérêt pour elles de voir ce nouveau mode de locomotion faire étape dans leurs murs. Le Mans l’emporte et la gare est inaugurée le 28 mai 1854. Elle est construite à l’écart du centre-ville, et on doit ouvrir une liaison entre celle-ci et la place des Halles, devenue aujourd’hui place de la République. La réalisation est inaugurée en partie par le Maréchal de Mac-Mahon, en 1874. C’est l’avenue Thiers, puis le boulevard René Levasseur.

La gare est inaugurée le 28 mai 1854.

Le tramway départemental

On crut un moment, en cette fin du XIXe siècle, que le rail dominerait la route. Le réseau des grandes lignes laissant à l’écart les petites bourgades, le conseil général du département de la Sarthe décide d’ouvrir un réseau de tramway à vapeur à voie étroite, circulant en grande partie le long des routes existantes, afin d’en limiter au maximum le coût d’exploitation. Sous l’impulsion de Joseph Caillaux, alors Ministre des Finances et Président du conseil général de la Sarthe, le 6 mars 1880, une loi déclare d’utilité publique les deux premières lignes, puis en 1895, tout le réseau de la Compagnie des Tramways de la Sarthe.

Le conseil général décide de la création d’un réseau de tramway à vapeur à voie étroite.

Le premier réseau, construit de 1882 à 1888, se compose de trois lignes :
- Antoigné-Ballon (6,8 km),
- Le Mans – La Chartre (48,3 km),
- Le Mans – Saint-Denis d’Orques (45,7 km).

Ce premier réseau est construit dans l’intérêt général, sans tenir compte de considérations électorales ; il sera également le plus rentable et restera en service jusqu’à la fin. Le second réseau sera construit avec beaucoup moins de cohérence : de nombreux élus demandent que le tramway passe dans leurs communes. 
Il comprend trois lignes, ouvertes entre 1895 et 1898 :
- Le Mans – Saint-Cosme-de-Vair et Mamers – La Ferté-Bernard (72,4 km)
- Le Mans – Mayet (48,7 km), véritable tortillard, où on compte six stations en 25 km, sans tenir compte des arrêts facultatifs !

Le tramway à vapeur circule en grande partie le long des routes existantes.

Malgré la menace de plus en plus pressante de l’automobile, le Conseil Général décide, en 1908, de construire un troisième réseau, cédant ainsi et pour la seconde fois aux pressions des élus. Huit lignes composent cette nouvelle tranche, pour une longueur totale de 270 km, dont 68 ne seront jamais achevés : Le Mans – Château-du-Loir, Le Grand-Lucé – Saint-Calais, Foulletourte – La Flèche, Le Mans – Alençon, Fresnay-sur-Sarthe – Sougé-le-Ganelon, La Ferté-Bernard – Montmirail, Antoigné – Saint-Jean-d’Assé et Mamers – Alençon.

La Grande Guerre empêchera un quatrième réseau de voir le jour. 

Chaque commune fait des efforts pour permettre à ses habitants de se rendre à la gare la plus proche. Ainsi, en 1912, le conseil municipal d’Évaillé délibère sur la nécessité d’établir un pont sur le Tusson : « … Considérant qu’entre la gare d’Évaillé et le chemin de grande communication n°2, le chemin actuel servira non seulement aux habitants d’Évaillé, mais aussi à ceux de Cogners et d’Ecorpain qui viendront prendre le train ou apporter des marchandises dans la direction de Saint-Calais ou du Grand-Lucé. … »

La gare primitive du Mans, au Gué-de-Maulny, devient très vite trop petite, et il faut envisager son transfert. Les autorités choisissent un terrain en bordure de Sarthe, récemment libéré par la démolition de l’hôpital. Harel de la Noé est chargé d’établir les plans de cette nouvelle gare aux dimensions imposantes. Les travaux de construction commencent au début de l’année 1895 et terminent fin 1898. On voit s’élever le bâtiment des voyageurs, la remise des locomotives, le siège social et les bureaux, le grand hall métallique, le château d’eau et le mur de clôture. 

L’inauguration a lieu les 8 et 9 octobre 1898, en présence du Ministre de l’Agriculture et de M. Cavaignac, Président du conseil général de la Sarthe et ancien Ministre de la Guerre depuis un mois. De par le style qu’il donne à cette construction et à celle de La Ferté-Bernard, l’architecte Harel de La Noë est surnommé « Le Père Nougat ». La gare des tramways sera démolie en 1955.

Les travaux de construction s’échelonnent de 1895 à 1898.

Il faut construire des ouvrages d’art pour le franchissement de quelques difficultés naturelles ; on peut citer le pont de Loué et de Dehault (pont métalliques), le viaduc de Saint-Georges-le-Gaultier (en béton armé) qui ne sera jamais mis en service, et le fameux pont en X, au Mans, qui permet le croisement au-dessus de la Sarthe des voies de tramways de la Sarthe et de celles des tramways électriques du Mans.

Il faut construire des ouvrages d’art.

On a à déplorer quelques accidents, en particulier la catastrophe de Dehault en 1910, et à Villaines-sou-Lucé. L’exploitation de ces tramways cessera définitivement le 1er mars 1947. La route aura gagné la bataille.