Vraie et fausse inauguration du pont en X du Mans et de la gare centrale des Tramways de la Sarthe

En 1985, deux historiens sarthois, Alain de Dieuleveult et Jean Edom, publiaient aux Editions Cénomane un ouvrage intitulé « Le siècle des petits trains » consacré aux tramways de la Sarthe. Dans un chapitre présentant les ouvrages d’Harel de la Noë en Sarthe, on pouvait trouver un pseudo fac simile d’une publication intitulée « La gazette des tramways » datée du 9 octobre 1898 et relatant entre autres une extraordinaire inauguration du pont en X par les plus hautes autorités de l’Etat, président de la République en tête… C’était bien évidemment un aimable canular auquel s’étaient livrés les auteurs, plein de traits d’esprit et de jeux de mots, mais les faits relatés et les propos tenus étaient tout à fait imaginaires. La prétendue gazette annonçait d’ailleurs tout de suite la couleur dans sa devise : Le vraisemblable peut quelquefois n’être pas vrai et le nom même de son rédacteur en chef (C. Nomane) était déjà un clin d’œil ironique.

Néanmoins, un certain nombre d’auteurs d’articles, par ailleurs tout à fait rigoureux dans leurs recherches historiques, sont tombés dans le piège et ont signalé la présence de MM. Félix Faure, Deschanel, Loubet et consort à l’inauguration, ou ont relaté les propos d’un Paul Decauville complimentant Harel d’avoir choisi la voie étroite de la difficulté ou d’un Gustave Eiffel s’exclamant qu’en fait de tour, il en avait plus d’un dans son sac !

La relation de la véritable inauguration est publiée quelques pages plus loin, car le livre de A. de Dieuleveult et J. Edom, mis à part l’aimable plaisanterie précitée, est un ouvrage très sérieux et très bien documenté. En fait de personnalités, le seul ministre présent était celui de l’Agriculture (un M. Viger dont la postérité n’a pas retenu le nom), car cette inauguration (et en même temps celle de la gare centrale et des ponts d’Allonnes, Saint Georges et Denfert) s’inscrivait dans le cadre d’un concours agricole départemental et d’un congrès pomologique !

On notera, dans cette relation véritable des cérémonies, que le cortège ministériel se trouve au pont Denfert à 10 heures, au pont en X à 10 h 05 et arrive à la gare des tramways à 10 h 10 : compte tenu du temps nécessaire pour se rendre (en voiture à cheval avec une escorte) de l’un à l’autre de ces lieux, on peut estimer que l’inauguration du pont en X aura duré … à peine plus d’une minute !

Exploitation du réseau des lignes de chemin de fer à voie métrique du département de la Sarthe

Schéma du réseau

Les conventions initiales de concession prévoyaient une desserte de chaque ligne par trois aller-retour journaliers.

C'était toujours la trame de la desserte en mai 1914, si ce n'est sur les lignes du Mans à Mamers et Le Mans - La Chartre, desservie par quatre aller-retour, et l'embranchement de Montbazot à Ballon, qui n'avait que deux aller-retour journaliers.

Horaires des Tramways de la Sarthe, en mai 1914

Les compagnies exploitantes :

- 1880, la Compagnie des Tramways de la Sarthe, est intégrée ensuite au groupe Carel et Fouché,
- 1895, l'ensemble du réseau est sous le statut des Chemins de fer d'Intérêt Local de 1880, mais conserve l'appellation Tramways de la Sarthe,
- 1932, le 2 août, les Tramways de la Sarthe reprennent l'exploitation de la ligne à voie normale du Chemin de fer Mamers-Saint Calais, jusqu'au 1er mars 1947. 


Locomotives à vapeur utilisées,

pour le premier réseau :
- 1881 : 020T Corpet-Louvet, 1 à 4 (341-44), 6 tonnes à vide, distribution système Brown
- 1882 : 030T La Metallurgique, Tubize, 12 (533), 11 tonnes à vide,
- 1883 : 030T La Metallurgique, Tubize, 13 (537), 11 tonnes à vide,
- 1884 : 030T La Metallurgique, Tubize, 14 (540), 11 tonnes à vide,
- 1887 : 030T ANF Blanc-Misseron, 15 (626-1), 16 (681-19), 11 tonnes à vide5
- 1888 : 030T ANF Blanc-Misseron, 17 (682-20), 18-19 (689-90), 11 tonnes à vide,

pour le deuxième réseau :
- 1896 : 030T ANF Blanc-Misseron, 50-54, (1049-54),12,8 tonnes à vide,
- 1897 : 030T ANF Blanc-Misseron, 55-58, (1055-57),12,8 tonnes à vide,
- 1898 : 030T ANF Blanc-Misseron, 59-61, (1058-60),12,8 tonnes à vide5,
- 1898 : 030T ANF Blanc-Misseron, 62, (1061) , 13,2 tonnes à vide,

pour le troisième réseau :
- 1910 : 030T ANF Blanc-Misseron, 101-104, (1636-39),13 tonnes à vide,
- 1913 : 030T ANF Blanc-Misseron, 105-106, (1737-38),13 tonnes à vide,
- 1912 : 030T ANF Blanc-Misseron, 107-116, (1642-52),13 tonnes à vide,
- 1913 : 030T ANF Blanc-Misseron, 117-119, (1653-55),13 tonnes à vide.

Les autorails

- N° 201-202, De Dion-Bouton livrés neuf, type JM2 1924
- N° 203, Saurer livré neuf
- N° 204-206, De Dion-Bouton, ex Tramways de l'Ain, type JM4 1932
- N° 207, SCF.Verney, ex Tarn, type SCF 51,1934,transféré en 1945-1946 au PO-Corrèze,
- N° 207, De Dion-Bouton, ex Chemins de fer des Côtes-du-Nord no 9, type JM4 1932
- N° 208-212, De Dion-Bouton, ex Tramways d'Ille et Vilaine, type JM2 1924.

Vue de l’autorail B201 ou B202, en gare de Théligny.

Les premières lignes à peine achevées, certaines ferment.

En 1932 c'est le tour des extrémités de lignes et en 1939, l'exploitation se limite à seulement 132 km . La guerre réactive les sections encore utilisables. La fermeture définitive a lieu le 1er mars 1947.

Seul subsiste alors, la ligne à voie normale du Chemin de fer Mamers-Saint Calais, reprise en régie départementale, mais le trafic voyageur s'arrêtera en 1965 et celui des marchandises en 1977. La section Connerré - Tuffé de cette ligne, est utilisée pour une exploitation touristique par la Transvap.

Le matériel roulant préservé :

Locomotives à vapeur :
- 030T ANF Blanc-Misseron de 1882 no 16 « St Denis d'Orques », particulier confiée au MTVS en attente de rénovation.
- 030T ANF Blanc-Misseron de 1898 no 51 « Foulletourte », propriété du département de la Sarthe
- 030T ANF Blanc-Misseron de 1898 no 60 « La Ferté-Bernard », MTVS, en service depuis 1990, classée Monument Historique.

Voitures :
- 2 voitures de 2e classe, à deux essieux Carel et Fouché, 1896, B36 et B56, propriété de deux particuliers et confiées au MTVS, en services depuis 1986.
- 3 voitures de 2e classe, à bogies, propriété de la FACS et confiées au Train du Bas-Berry.

Machine n°16 « Saint-Denis d’Orques » au Musée

Source : wikipedia.org

Infrastructure du réseau des lignes de chemin de fer à voie métrique du département de la Sarthe

Les lignes étaient construites « voie unique » implantée le plus souvent sur l'accotement des routes. Il existait des sections en site propre pour s'affranchir du relief. Certaines de ces sections comprenaient des ouvrages d'art.

Des évitements réalisés dans les stations permettaient les éventuels croisements, peu fréquents compte tenu des faibles fréquences des convois.

Vue du viaduc de Pontlieue au Mans, sous lequel passait l'avenue du même nom.

Afin d'éviter toute difficulté d'exploitation, les voie des Tramways de la Sarthe et celles des tramways urbains ne se croisaient pas (à l'exception du Pont en X) et les voies empruntant les mêmes voies étaient établies l'une à côté de l'autre, comme c'est le cas ici, où la voie passe dans la contre-allée à gauche, alors que le tramway est sur sa voie, dans l'axe de l'avenue.

La voie était à l'écartement métrique construite en rail vignole de 15 kg. Dans les chaussées certaines sections dans la chaussée possédaient un contre rail.

Gare du Mans-Gué-de-Maulny : la première gare des Tramways de la Sarthe au Mans fut installée à l'intersection du boulevard du Grelfier et de la rue du Gué-de-Maulny, sur un terrain d'environ 4 000 m², situé en position centrale et près de la gare du Mans et desservi par des voies larges pouvant accueillir les voies des Tramways de la Sarthe.

Elle fut remplacée dès 1888 par la gare du Mans-les-Halles, mais conservée à la fois comme station et comme atelier des Tramways de la Sarthe.

Gare du Mans-les-Halles : l’hôpital général de la Sarthe était implanté depuis le XVIIe siècle derrière la Visitation, lorsqu’il est brusquement déplacé en 1888 vers l’avenue Rubillard. L’architecte Poivet travaille sur les nouveaux locaux sanitaires et ces derniers sont inaugurés en 1891. La place libérée par l’ancien hôpital est idéale pour installer la nouvelle gare.

Façade monumentale de la gare du Mans- Les Halles

La gare centrale des Tramways de la Sarthe y est installée en 1888. Après l’extension des lignes du Tramways de la Sarthe, le conseil général souhaite créer un grand dépôt sur les bords de Sarthe. Un emplacement entre le pont Gambetta et le pont de fer est choisi.

En fait, il ne fait que remplacer la gare provisoire qui était installée depuis 1882 à l’angle de la rue Paul Ligneul et du Boulevard de la gare. Un encorbellement soutenu par des pilastres sont mis en place et on agrandit les quais. Le but est de transformer l’espace en véritable gare centrale de la ville, mais aussi du département. Cependant certains quais seront vite dévoués aux marchandises. L’auteur du bâtiment est l’ingénieur Louis Auguste Harel de La Noë, qui fut également le responsable de nombreux ouvrages d'art sur les Chemins de fer des Côtes-du-Nord.

La gare du Mans-Les Halles, depuis la Sarthe

Le bâtiment est composé d’un dôme central, sorte de lieu de rassemblement de tous les voyageurs. Les bureaux sont situés en marge des voies sur le côté « terre » et non le côté Sarthe. Le hall central est grand de2 200 m² et juste derrière se trouvent deux grandes remises pour les voitures et les locomotives. Le bâtiment est loin de faire l’unanimité. Construit avec du cailloux mosaïqué de silex, ils font de l'architecte De la Noë le « père nougat » des Tramways de la Sarthe au Mans.

Les bâtiments de la gare seront détruits après la fermeture du réseau en 1947. C’est alors que seront construits les bâtiments de Courboulay et de Le Couteur inspirés pas Le Corbusier.

Il existait de nombreux ouvrages d'art, tous construits par Harel de la Noé.

Le Pont en X au Mans

Source : wikipédia

L’histoire du réseau des lignes de chemin de fer à voie métrique du département de la Sarthe

Les Tramways de la Sarthe sont un ensemble de lignes de chemin de fer secondaire à voie métrique appartenant au département de la Sarthe et concédé à une société privée, la Compagnie des tramways de la Sarthe. Son centre se situait à la gare monumentale du Mans-les-Halles, distincte de celle qui deviendra celle de la SNCF.

Locomotive bicabine N°60 MTVS

Les trams circulaient sur la route, mais aussi très souvent en site propre et Le réseau comportait de nombreux ouvrages d'arts, dus à l'ingénieur Louis Auguste Harel de La Noë.
Une gare monumentale, située sur les bords de la Sarthe avait été réalisée au Mans.

La traction des trains, était assurée par des locomotives à vapeur, assistées après 1924, par des autorails. Le réseau ouvert en 1880, disparaitra le samedi 1er mars 1947.

Le premier réseau

Viaduc sur la Vègre à Loué (Ligne Le Mans – Saint-Denis d’Orques) 

Par décret du 6 mars 1880, Monsieur Falies, ingénieur civil, obtient la concession de deux lignes :
- Ballon - Les Forges-d'Antoigné à Sainte Jamme sur Sarthe par Montbizot,
- Le Mans - Le Grand-Lucé.

Ces lignes ouvrent en 1882, elles sont construites à voie métrique et implantées le long des routes. Il faut ajouter les sections suivantes :
- Le Grand-Lucé - La Chartre-sur-le-Loir en 1884,
- Ballon - Saint-Jean-d'Assé (en 1886),
- Le Mans - Saint-Denis-d'Orques (en 1888).

Le second réseau

La gare de Saint-Rémy-des-Monts, sur la ligne Le Mans - Mamers

En 1893, débute la construction du deuxième réseau, long de 257 km.
- Le Mans – Mamers,
- La Détourbe (Rouperroux-le-Coquet) - La Ferté-Bernard,
- Le Mans – Mayet.

Le troisième réseau

La station de Théligny, sur la ligne de La Ferté-Bernard à Montmirail

En 1908, est établi un troisième réseau, dont certaines lignes seront inachevées, suite au conflit de 1914-1918.
- Le Grand-Lucé - Saint-Calais
- Changé - Château-du-Loir
- Le Mans - Ségrie
- Fresnay-sur-Sarthe – Alençon

Saint-Jean-sur-Èvre

La Compagnie des Tramways de la Sarthe développera un réseau, qui atteint une longueur totale de 416 km en 1922.

Source : wikipedia.org