Et bientôt, au passé, ton nom appartiendra.
Ce n’est pas sans regret que je te dis d’avance
Que de toi, bien longtemps, chacun de nous se souviendra.
Je t’ai connu au temps de ma plus jeune enfance
À l’époque où les gens vivaient des jours heureux
Lorsque tout fier alors des premières vacances,
Dans un beau wagon vert, je m’en allais, joyeux.
Je me souviens toujours de ce premier voyage
Qui mit un comble heureux à mes rêves d’enfant
Voyant se dérouler maints nouveaux paysages
Qui formaient à mes yeux tout un enchantement.
Depuis, tu as suivi ta route monotone
Allant cahin-caha, bravant chaque saison,
T’ingéniant toujours pour que chaque personne
Parvienne, malgré tout, à joindre sa maison.
Ce n’est pas que certains, par leurs basses critiques,
Aient voulu diminuer tes courageux efforts,
Qui nous fera renier ton passé héroïque
Quand tu as tant servi et que tu sers encore ...
Mais, pauvre petit train, tu n’es plus à la mode...
Tu ne pourrais changer la marche du progrès,
Et l’on te sacrifie, à des fins plus commode,
Sans même intervenir, au cours de ton procès.
Pourtant, que n’as-tu tout au long de la guerre ...
Toujours présent, partout, sans soucis du danger,
Et ceux qui tant de fois te méprisaient naguère,
Trouvaient heureux, alors, de pouvoir voyager.
Hélas... je ne veux pas qu’avant de disparaitre
Nulle voix ne s’élève et implore, en ton nom,
Un souvenir ému des joies que tu fis naître
Et du labeur obscur qui, seul, fut ta rançon.
Adieu, vieux petit train, si cher à nos campagnes
Nous ne te verrons plus, puisque tu dois mourir.
Mais à tes derniers jours, nos pensées t’accompagnent
Et tu vivras en paix, parmi mes souvenirs.
Poème de M. Tessier
Texte recueilli par les élèves de M. Piraux, instituteur à Vilaines-sous-Lucé.