Pour qui cours tu, petit train ?
Rat de ville et rat des champs,
Jeune ou vieux, riche et manant,
Travailleur ou fainéant,
Ils y vont, matin sonnant,
Gai midi ou soir tombant.
Pour qui cours-tu, petit train,
Pour qui cours-tu ?
Où t’en vas-tu, petit train ?
Sur plateaux et par collines,
Frôlant rives cristallines,
Sautant gorges serpentines,
Halte esseulée, bourg, usines,
Villes et banlieues ses voisines,
Où t’en vas-tu, petit train,
Où t’en vas-tu ?
A quoi sers-tu, petit train ?
Veaux, vaches, cochons, couvées,
Chanvres rouis, moissons levées,
Pommes au pré enlevées,
Fer, bois, liqueurs encavées,
En tous lieux choses trouvées.
A quoi sers-tu, petit train,
A quoi sers-tu ?
Qui donc es-tu, petit train ?
Cœur altier, pied besogneux,
Du temps peu dévotieux,
En ton service ... hasardeux,
Amateur de ris et jeux,
Tendre pour les amoureux,
Qui donc es-tu, petit train,
Qui donc es-tu ?
De quoi meurs-tu, petit train ?
Espéré en ton prélude,
Quiet en ta plénitude,
Puis survient l’incertitude,
Batailler devient trop rude,
Solitude, solitude !
Pourquoi meurs-tu, petit train,
Pourquoi meurs-tu ?
A. D.